overbookée

Publié le par Oana

J'ai rien raconté de tout ce qui s'est passé ces derniers temps.

Peut-être parce qu'il s'est passé TROP de choses...

 

Pour résumer... Au printemps dernier, Lou ne voulait toujours pas de moi. Je lui ai écrit une lettre, que je lui ai donnée, où je disais à quel point je l'aimais.

Il a répondu par une autre lettre, où il disait qu'il tenait énormément à moi et ne voulait pas prendre le risque qu'on sorte ensemble et qu'on se perde. Il terminait en disant de m'ouvrir aux autres pour trouver quelqu'un qui me corresponde.

 

A une récré j'étais sur l'herbe derrière le lycée. Mr Love est venu près de moi en disant qu'il voulait une kalashnikov pour butter toute cette bande de nazes. Je lui ai demandé comme faveur de me laisser mourir dans les bras de Lou. Ca l'a interloqué, il m'a posé plein de questions : depuis quand je l'aimais, etc.

A partir de ce moment on est devenus un peu complices, et il s'est bien plus mêlé à la bande pendant les récrés. (Les Pabeuk fulminaient de me voir traîner avec lui). Il jouait beaucoup à celui qui baisse le regard en dernier.

Un midi, Lou n'allait pas très bien. Il avait appelé son père pour venir le chercher, mais en attendant il jonglait un peu. Mr Love jouait encore à capter mon regard, et Lou, lui, passait entre nous pour essayer de casser ce lien visuel. Puis il s'est senti mal, il a dû s'allonger. Il s'est installé la tête contre ma cuisse et je me suis sentie aux anges.

Puis son père est arrivé alors il est parti.

Mr Love a voulu mettre sa tête sur ma cuisse pareil, mais je n'ai pas aimé.

 

Lou n'est pas revenu au lycée pendant plusieurs jours.

Pendant ce temps, Mr Love me donnait des poèmes, des dessins, des textes. Il m'a emmenée en balade avec GI sur les bords de la rivière et pendant qu'elle avait le dos tourné, il m'a pris la main. Ca m'a fait tout plein détoiles qui ont troublé ma vue, et mes jambes se dérobaient sous moi.

Le jour d'après, on était tous les 2 dans un jardin à l'abri d'un arbre dans un coin du lycée, j'avais un bouton d'or aux lèvres. On discutait, il me regardait, et puis on jouait avec des brins d'herbe qu'on faisait danser autour des doigts de l'autre. A un moment je me suis dit que ça suffisait comme ça et j'ai ôté mon bouton d'or. Alors il m'a embrassée. J'ai aimé le baiser, mais je n'ai pas aimé le regard qu'il a eu ensuite. Mr Love, le fou, le rebelle, le ténébreux, était devenu un chienchien qui quémande les attentions de sa belle. C'était tellement décevant... mais bon, c'est comme ça.

Quand j'ai appelé Lou pour lui indiquer les devoirs à faire, je ne savais pas trop comment lui dire que je m'étais mise avec Mr Love. Au bout d'un moment il m'a fait cracher le morceau et m'a dit qu'il s'en doutait depuis longtemps. Ce qui m'a surprise parce que moi-même je ne m'en doutais pas.

 

Ensuite il y a eu une période un peu tendue. Il devenait méchant, contredisait tout ce que je disais, même quand c'était des idées qui auraient dû être les siennes, et alors qu'on avait toujours été d'accord sur absolument tout.

Un jour je lui ai demandé pourquoi il était si méchant. Il a nié. Mais ensuite il a changé.

 

Il est subitement devenu extrêmement gentil, tendre, et même romantique, du style à aller escalader des pentes pour cueillir des fleurs et me les glisser dans les cheveux quand on attendait le car.

En comparaison je me rendais compte que je n'avais aucune attirance pour Mr Love, avec qui je sortais pourtant toujours. Mais je passais de moins en moins de temps avec, d'une part parce que je n'en avais plus trop envie, d'autre part parce que dès que je disparaissais plus de 5 minutes, Lou parvenait à me retrouver et m'emmenait rejoindre la bande.

 

Il y a eu la semaine du bac. Soleil, herbe et pâquerettes. Sièstes allongés par terre, sa tête près de la mienne. Les heures qu'il passait à piquer des pâquerettes dans ma longue chevelure. Et la manie qu'il avait de marcher devant moi et de stopper net, de façon que mon bras aille se caler juste sous le sien pour qu'on continue le chemin bras-dessus-bras-dessous. C'était infiniment doux.

Juste après la dernière épreuve, Mr Love m'a prise à part pour me demander ce que je comptais faire. J'avais été prise dans un IUT à Paris, lui entrait en fac de lettres dans la ville où il habitait. Il était clair qu'on ne se reverrait plus. Mais je n'avais jamais quitté quelqu'un, je ne savais pas comment faire.

Et Lou ne me facilitait pas la tâche, nous débusquant sans arrêt et paradant en faisant la roue et des cabrioles quand il aurait fallu que je me concentre et trouve assez de sérieux pour dire à Mr Love que de toute façon il savait que ça finirait ainsi, je ne lui ai jamais caché que j'étais folle amoureuse de Lou... Il m'a embrassé une dernière fois et je suis partie avec Lou, son père venait nous chercher. Mais je n'ai rien dit.

 

Le soir on faisait la fête au camping. Le même camping que les étés précédents.

J'ai dit aux Pabeuk que j'avais quitté Mr Love, ils m'ont tous félicitée (ils ne peuvent pas l'encadrer). Bonum avait fait un très bon punch, j'en ai un peu abusé. J'ai collé Lou toute la soirée. A un moment le vent s'était levé, j'étais blottie contre lui, je lui souflais du chaud dans le dos, il a dit "Mm tout doux !" et je me suis sentie reine du monde. Sauf que je ne lui avais toujours pas dit que j'étais célibataire et que je voulais sortir avec lui. J'avais tellement peur qu'il se détourne à nouveau de moi quand il saurait que j'étais libre...

Les Pabeuk le briefaient discrètement. A un moment j'ai entendu M. lui dire "mais moi aussi c'était ma meilleure amie, et regarde ! on est toujours ensemble, c'est encore mieux qu'avant !".

Puis comme j'étais fatiguée je suis rentrée seule au campement. Couz m'y a rejointe. Il m'a proposé de venir dans la tente immense. Plus tôt dans la soirée il avait pris ma main, sous l'oeil réprobateur de Bonum. J'avais répondu qu'on faisait ami-ami. Là, il m'a proposé de m'installer à côté de lui dans sa partie de tente et on a discuté. Il a encore pris ma main je crois, en tout cas on était proche.

Tout à coup est arrivé Lou. Il est venu discuter avec nous. Il a posé sa tête sur mon ventre. Finalement il m'a invitée à dormir dans sa petite tente.

 

On s'est installé côté à côté, on a discuté beaucoup, beaucoup, beaucoup. J'ai fini par lui avouer que je n'étais plus avec Mr Love. Il a dit qu'il s'en doutait.

Je lui ai exposé mon idée "d'amitié libérale" et il était comme reconnaissant. Après avoir bien négocié la tournure qu'allait prendre notre relation, il fallait concrétiser, et c'était plus compliqué. Nous ne sommes pas du genre spontanné...

Après un teps d'hésitation des deux côtés qui a paru infini, il a pris son courage à deux mains, ou plutôt une seule car l'autre il l'a posée sur mon épaule, et puis il m'a embrassée. Et là, c'est le drame !

C'était trop artificiel, ça ne ressemblait à rien. En plus il n'embrasse absolument pas comme Mr Love alors j'étais assez interloquée.

 

Après un temps de commentaire sur l'effet que nous avait fait ce premier baiser maladroit, on a réitéré. Et ça a été beaucoup mieux.

Tellement mieux même qu'à la fin on a entendu un coq chanter et on s'est rendu compte que le soleil était en train de se lever.

Par contre, une fois sortis de la tente, il ne s'agissait pas que quiconque soit au courant qu'on sortait ensemble. Parfois en journée, il se cachait dans un coin et m'embrassait en douce, mais jamais devant les autres.

 

Le soir de mon anniversaire, les Pabeuk m'ont offert deux-trois conneries et un préservatif. Ca n'a pas fait rire Lou. Il trouvait que c'était trop précipité. Ben, ça faisait une semaine tout de même ! J'étais déçue car je pensais qu'il avait envie de moi. Je ne comprenais pas sa réaction. Je me souvenais d'une soirée fille où on avait imaginé comment pouvaient être les mecs de la bande au pieux, et on était toutes les 3 d'accord pour imaginer Lou en dieu du sexe... alors pourquoi ne voulait-il pas ? Le problème venait de moi ?

Pourtant j'avais l'impression de lui plaire. Un soir il m'avait même dit que je sentais bon, alors que je n'avais pas pris de douche depuis 3 jours ^^

 

Bref, on en est resté là puis les vacances nous ont séparés, et puis la rentrée. Etudiants à 600 km de distance...

J'habite chez ma grand-mère cette année, son appart est à 5 minutes à pied de mon école.

Je lui écrivais 3 lettres par semaine, lui 1, mais ça me convenait. Il avait fini par me dire qu'il m'aimait, tout semblait donc aller pour le mieux, sauf la douleur d'être séparés.

Je suis allée un soir dormir dans sa chambre de cité U. Cette fois-ci il a voulu qu'on couche ensemble, mais ça a été un fiasco. Je crois que s'il ne m'avait pas repoussée en juin j'aurais su mieux m'y prendre, j'aurais osé plus.

 

Puis on ne s'est pas revus pendant un temps, même si on continuait à s'écrire et se téléphoner souvent. Il n'avait plus de portable, je l'appelais dans le couloir de sa cité U et parfois je tombais sur d'autres étudiants qui essayaient de me draguer au téléphone ou me racontaient leurs déboires amoureux.

Un jour où je passais chez lui, chez ses parents, il m'a pris la main autour de la table de la cuisine et m'a dit "j'ai rencontré quelqu'un". Ca m'a fait un gros coup de bélier au niveau du coeur mais je lui ai répété que ça ne changeait rien pour moi, ça faisait partie de la forme de relation qu'on avait négociée, je l'acceptais. En fait j'avais confiance en lui, en moi peut-être, en nous en tout cas.

 

Sauf que pas longtemps plus tard il m'a écrit une lettre où il disait qu'il ne savait plus où il en était et qu'il voulait faire un break.

Je suis sortie courir dans le bois et chanter du Brassens à tue-tête. Ensuite je me suis endormie tous les soirs en imaginant que je le découpais avec un grand katana, et que je dansais le plinn sur ses restes fumants. Ca me détendais.

Je me suis coupé les cheveux hyper court, écrivant à la prof de philo( qui est devenue une amie) que le désespoir semblait être au bout de cheveux.

Mais je continuais à lui donner des nouvelles dans mes lettres et à lui répondre gentiment au téléphone.

Plus le temps passait et plus il était complice dans ses courriers. J'y voyais quelque chose d'encourageant, même si ma tante essayait de me monter contre lui.

Elle habite à 5 minutes d'ici et je la vois souvent. Elle pense qu'il m'a trahie d'une sale manière et que je ne devrais jamais lui pardonner.

 

Mais les vacances de noël sont arrivées. Il était seul chez lui avec Mina. Un soir il a invité aussi T. On a beaucoup joué et il gagnait grâce à moi, ou l'inverse, comme toujours quand on est ensemble.

Puis il a mis un DVD, un one-man-show. Les 2 autres ont pris des fauteuils et nous ont laissé le canapé. Petit à petit il s'est rapproché de moi. Il a posé sa tête sur mon épaule en demandant si ça ne me dérangeait pas. J'ai dit non.

Il a cherché ma main et je l'ai retirée. Enfin, 2 secondes. Je suis trop faible pour lui résister, ou j'ai eu trop peur qu'il renonce...

Il a fini par m'embrasser. On a dormi ensemble mais on n'a pas réessayé de faire l'amour. En plus il s'est laissé pousser les cheveux et j'aime pas du tout. Il les attache en chignon comme un samouraï, ça ne lui va vraiment pas... non pas que je sois portée sur le physique, mais il y a des trucs comme ça qui restent rédhibitoires pour moi...

 

Il y a eu des moments tout doux, et d'autres super romantiques comme le soir où il m'a raccompagnée chez moi et on s'est arrêté au bout de sa rue à regarder la mer dans le vent froid de la fin décembre...

 

 

Enfin bref, on est à nouveau ensemble, je continue à lui écrire trois lettres par semaine, cette mini-rupture nous a fait beaucoup réfléchir à ce qu'on attendait l'un de l'autre et notre histoire s'enrichit.

A chaque fois que je vais en week-end là-bas nous prenons notre petit déjeuner au soleil sur la terrasse (quand on se lève à midi il ne fait plus froid ^^).

J'adore son sourire qui s'étire quand je le réveille au soleil, j'adore sa façon de me serrer dans ses bras comme s'il voulait me briser des côtes ou se fondre en moi, j'adore mettre ma main sur son ventre chaud quand il fait la vaisselle et respirer son odeur... Je veux continuer à vivre tout cela le reste de ma vie...

 

A l'IUT j'apprends des choses intéressantes. Je me rends compte que l'enseignement secondaire est clairement au-dessus de ce qu'on nous a appris jusque-là. Mais la plupart des autres semblent nager là-dedans comme des poissons dans l'eau. Je les trouve super et je bave d'admiration. Du coup je n'ose pas trop leur parler même si je traîne quand-même avec eux à toutes les pauses.

Il y a la Fée Bouclette que j'ai détestée au premier abord, quand j'ai lu par-dessus son épaule qu'elle venait du même coin que moi et que je ne savais pas comment l'aborder. Mais finalement ça s'est fait, et je ne pourrais plus me passer d'elle. On va faire un livre ensemble, pour le projet de fin d'études mais plus que ça. Elle dessine super bien.

 

Voilà. La cohabitation avec ma grand-mère n'est pas toujours évidente. Elle passe son temps à entrer dans ma chambre quand je n'y suis pas, je déteste ça, même si de temps en temps c'est pour y déposer des cadeaux (un jean notamment). Ca me change de ma mère, qui nous laissait bien tranquilles...

J'apprends à me débrouiller dans le métro parisien, et dans Paris tout court. J'ai développé une stratégie qui consiste à aller de bouche de métro en arrêt de bus pour vérifier sur les plans que je suis sur le bon chemin. Je vois des expos, des concerts, des pièces de théâtre, on fait des soirées entre étudiants...

Je me suis cousu un bustier super sexy sur le modèle d'un débardeur qui m'allait bien mais qui était moche. Avec le tissu qui restait j'ai fait des manches, c'est encore plus sexy ^^

Je rivalise d'imagination pour mes lettres à Lou, et celles à Ludy ou à sa meilleure pote... j'écris encore un peu de poèmes mais moins. Je suis plus dans les récits et les mots bruts. J'ai retapé un vieux dictionnaire de ma grand-mère selon une méthode de reliure que nous a donnée un prof d'édition.

Je m'amuse le soir sur mon vieux Mac à être une étudiante qui tappe ses dossiers... j'ai fait toute une recherche sur la photo pour un devoir, à propos des découvertes de Niepce etc. tout cela est fascinant.

 

J'ai eu mon premier semestre :)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article